Edmund & le nom de la pensée

Cette histoire commence à Göttingen en 1913, sans Barbara, mais avec Edmund Husserl. Dans le premier volume du Jahrbuch für Philosophie und phänomenologische Forschung, la revue qu’il vient de fonder, entre la page 179 et la page 200, se trouve un texte titré Noesis und Noema.

Dans ce texte, Edmund Husserl propose de nommer noesis l’acte de penser, et noema le contenu de cette pensée. En français, on dirait noèse pour le processus et noème pour le produit. La proximité avec notre métier est forte : d’abord, quand nous concevons, nous observons des façons de penser spécifiques et nous en extrayons les noèmes, puis, lorsque l’on code, nous traduisons ces noèmes en langages de programmation, pour en faire des structures de données et des algorithmes.

Mais l’histoire aurait pu commencer en Grèce, parce qu’Husserl emprunte en fait la noesis à Platon, qui utilisait le terme pour désigner la faculté d’atteindre la vérité par l’intuition. Là aussi le parallèle est fort avec notre vision du compagnonnage en développement. Au début d’un apprentissage on doit décomposer toutes les étapes pour arriver au résultat souhaité. Quand on maîtrise un métier, après des années de pratique et de soin, il arrive qu’on puisse parvenir intuitivement au résultat, instantanément. 

Et pour qu’un terme générique devienne notre nom, nous avons modifié légèrement la fin du mot.

Merci, Edmund.